Quelques rappels de base sur la Monnaie... par Adso de MELK
> Les premières monnaies ont été à l'origine inventées et utilisées pour faciliter l'échange entre les produits. > Dans des sociétés traditionnelles (il en existe encore de nombreuses de par le monde, en Afrique notamment), l'économie locale des villages est largement “non monétaire”: par l'auto-production de la communauté villageoise ou de la famille étendue, une grande partie des ressources (nourriture, construction des habitations, etc.) se fait sans monnaie (on dirait par déformation sans “argent”). On en déduit ainsi un peu rapidement que ces sociétés vivent sous un “seuil de pauvreté” déterminé de manière totalement arbitraire à... 2 dollars (américains bien sûr) par jour. Ce qui permet à bon compte de placer sur une même échelle de richesses des organisations sociales qui n'ont pas grand chose en commun. La mesure de la richesse et de la pauvreté est de fait restrictive car elle s'exprime en monnaie, et qui plus est en monnaie “unique”: le “US dollar”! Or une richesse ou une production peut-être non monétisée tout en ayant de la valeur! Pour l'illustrer en raccourci, on pourrait dire que ce n'est pas pas parce qu'un bol de riz n'a pas été “acheté” qu'il n'a pas une réelle valeur nutritive pour nourrir la population! Et quand on y pense, des tas de choses dans notre vie ont une réelle valeur sans qu'elles soient (encore) monétisées: l'amour, la santé, la joie de vivre, le silence, la beauté d'un paysage, la faculter de penser ou méditer, le rêve, etc. > Cependant, dès qu'il s'agit d'échanger certains biens contre certains autres, notamment entre villages ou entre régions sur des marchés, se pose un problème: comment faire? > Le troc est une première solution, mais qui a ses limites: “Echange Ipod contre VTT 21 vitesses”. Voilà du troc, de “l'échange” au sens propre du terme. On voit bien les problèmes qui se posent: d'abord évaluer que l'un peut être équivalent en valeur à l'autre (mais bon, à la limite, ceci relève du pur jugement des deux personnes), mais SURTOUT, il faut qu'au même moment, ces deux personnes se trouvent pour parvenir à l'échange: je cherche tout de suite un VTT et j'ai un Ipod, tu as un VTT et tu cherches tout de suite un Ipod. Pas simple en vérité que tout cela se produise... > Très tôt, une solution est apparue: si un objet parmi les autres mais un peu différent des autres peut être utilisé comme “monnaie d'échange”, on peut échanger des produits contre celle -ci et ainsi scinder l'échange dans le temps: je vends l'Ipod à A contre monnaie, puis un peu plus tard je trouve B à qui j'achète le VTT avec cette monnaie. La “monnaie” a joué le rôle d'un tiers (et même d'un tiers de confiance) entre différents vendeurs et différents acheteurs.
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> Les monnaies d'échange ont été variées dans les sociétés traditionnelles: la principale fut sans doute le bétail domestique. Pour la petite histoire, en latin, bétail se dit pecus, racine qui a donné le terme “pécunier”... Autre monnaie très utilisée, les coquillages dans des régions souvent éloignées de l'océan. Ainsi les cauris qui sont encore employés comme bijoux et ornements pour des parures rituelles (par exemple les masques des cérémonies Dogon au Mali, sur la photo). Dans des périodes de grande crise, comme dans l'Allemagne des années 20, les cigarettes servirent temporairement (et de manière inofficielle, il va de soi) de monnaie dans les échanges...
> On le voit, la monnaie est donc à l'origine une marchandise ou un objet particulier qui émerge du lot pour en faire en quelque sorte un “superobjet”, puisqu'il possède le pouvoir d'étre échangé contre tous les autres et par toute parsonne ayant confiance en lui. > Cette confiance généralisée en ce “superobjet” est essentielle pour qu'il puisse être utilisé comme monnaie. En effet, lorsque je vends mon Ipod contre dix coquillages, il importe que je sois sûr à 99,99999% que, peut-être une semaine ou un mois plus tard, ces dix coquillages seront acceptés par celui à qui j'achèterai le VTT... ce qui pour le cas présent n'est peut-être pas évident! Le fait de prendre comme exemple des coquillages et non des euros vise à montrer que dans notre quotidien, certaines de nos croyances sont inconscientes: “l'argent” semble ETRE, point. Certaines questions essentielles ne se posent pas, ou ne se posent plus. L'acte d'accepter de “l'argent” est aussi automatique que le guichet: un bout de plastique et un code “donnent” des bouts de papier que l'on appelle billets, argent, thunes, flouze... > En réalité, pour atteindre ce statut de “superobjet généralisé”, “l'objet-aspirant” doit manisfester deux pouvoirs qui en fait se renforcent mutuellement: un POUVOIR SYMBOLIQUE, et un POUVOIR D'ACHAT. > Le pouvoir symbolique fait que de manière évidente, tout le monde se “synchronise” sur lui parce que chacun y voit une “valeur” respectée sans qu'il soit nécessaire d'en discuter. Il n'est ainsi pas étonnant de constater que la plupart des monnaies traditionnelles étaient aussi à l'origine des objets de culte ou de rituel religieux (ainsi le bétail domestique était lui aussi souvent sacrifié lors des rituels animistes). > Le pouvoir d'achat fait que contre ce superobjet, on sait que l'on pourra, pense t-on à coup sûr, échanger ( “acheter”) une quantité donnée de biens. Contre 10 coquillages, je pourrai avoir 100 kilos de mil, ou bien une chèvre, ou encore (mais c'est moins sûr)... un Ipod. Il est intéressant de noter que ce pouvoir symbolique fonctionne parfois dans les deux sens: quand un monarque ou un empereur apposait son sceau ou son image sur une pièce de monnaie, il utilisait son pouvoir symbolique (parfois reconnu de droit divin donc...) pour donner crédibilité à cette monnaie et faire en sorte que chacun l'emploie en confiance... tout en renforçant son pouvoir symbolique personnel par cette “publicité” de son image sur un “superobjet” largement répandu de par son pouvoir d'achat! Qui de l'oeuf ou de la poule? Avec les monnaies actuelles, et notamment le dollar et l'euro, la question reste fort intéressante... > En fait, quand on y regarde de plus près, la monnaie, ce “superobjet”, possède “TROIS fonctions + UNE”. Mais il faudra patienter pour connaître cette dernière et relativement nouvelle fonction... PREMIERE FONCTION: la monnaie est un moyen de paiement. En donnant 10 coquillages contre une chèvre, la transaction est close, ces coquillages ont permis à l'échange de se réaliser. C'est la fonction la plus évidente de la monnaie, celle que l'on côtoie tous les jours en “payant”, que ce soit avec des pièces, des billets, un chèque ou une carte en plastique. DEUXIEME FONCTION: la monnaie est une unité de compte, c'est-à-dire un instrument de mesure de la valeur des biens échangés. Un peu comme un mètre est un instrument qui permet de mesurer des longueurs et de les exprimer dans une unité universelle connue de tous et à priori mesurable par tous, la monnaie ambitionne à jouer ce même rôle pour “mesurer la valeur” des biens qui s'échangent. C'est son rôle dit d'unité de compte. Ce sujet a fait couler beaucoup d'encre et je ne rentrerai pas dans une discussion longue sur la question de la “valeur”. Disons juste que l'idée est que chacun puisse à priori évaluer dans une unité de compte (par exemple en euros, en cauris, ou en buffle) ce que “vaut” un objet destiné a être échangé. La monnaie permet de mesurer la valeur d'un objet, mais surtout, et ceci est essentiel, de comparer à priori aisément la valeur des objets entre eux, puisque chacun peut être valorisé à un certain prix exprimé dans cette unité, dite de compte donc. Si le prix d'un Ipod est de 20 coquillages et celui d'un VTT de 10, alors on dira qu'un Ipod a deux fois plus de valeur qu'un VTT. Ce qui montre que bien sûr, cette valeur n'a de sens que relativement à un échange (achat ou vente): cette valeur est une valeur d'échange, exprimée par un prix. Dans les faits, les valeurs d'usage d'un Ipod ou d'un vélo ne peuvent se comparer: ce serait comparer un chou à une carotte! La monnaie parvient ainsi, par les prix, à comparer l'incomparable. Ce n'est pas le moindre de ses pouvoirs, puisqu'il transforme le “différent” en “supérieur, inférieur ou égal”! Or toute hiérarchie, même des prix, est bien l'expression d'un pouvoir... La question essentielle étant: comment se forment les prix? Réponse simple voir simpliste: par l'offre de la loi et de la demande sur la place du marché (du village dogon ou de la bourse de Wall Street). Oui, mais... les choses ne sont pas toujours aussi simples et évidentes qu'elles n'y paraissent. Retenons que la définition de cette unité de compte va conférer un de ses pouvoirs principaux à la monnaie: son pouvoir d'achat, c'est à dire la capacité à établir une hiérarchie relative de la valeur des objets échangés ou détenus, hiérarchie exprimée à priori dans une même échelle pour tous. Je dis bien à priori... TROISIEME FONCTION: la monnaie sert de fait de réserve de valeur dans le temps. Cela signifie qu'une monnaie doit avoir une certaine stabilité dans le temps afin de permettre l'échange. Ceci est un fait évident qui se comprend aisément quand on reprend l'exemple cité plus haut. En effet, le troc est instantané mais difficile à réaliser quand il y a beaucoup d'objets en jeu et beaucoup d'individus. Passer par l'intermédiaire d'une monnaie suppose que ce “superobjet” va stocker la valeur de l'objet vendu et à priori (du moins je l'espère) la conserver jusqu'à ce j'achète avec cette monnaie l'objet que je convoite. De ce point de vue, il est clair qu'une certaine fonction de réserve de valeur dans le temps est indispensable pour que la monnaie puisse permettre l'échange... MAIS... > Nous sommes là, et depuis le début de cette page, dans l'hypothèse où la monnaie est un MOYEN de faciliter l'échange d'objets. Mais la monnaie est un “superobjet”, on l'a vu, qui possède (et est susceptible de conférer) de grands pouvoirs au sein de la société. De MOYEN, il se trouve qu'il peut devenir UN BUT EN SOI. Ce qui sera recherché alors sera principalement le prestige et le pouvoir conférés par sa possession. Ce faisant, la tentation sera forte d'aller vers l'ACCUMULATION de la monnaie pour elle même, si rien n'est mis en place au sein de la société en question pour en limiter les effets. Nous y reviendrons... On comprend alors que dans cette optique d'accumulation de la monnaie pour elle-même, la question de la conservation de sa valeur dans le temps devienne essentielle... En tout cas d'autant plus que la monnaie et la richesse accumulées seront importantes , s'éloignant ainsi de l'idée initiale de permettre simplement la réalisation d'un échange... > On conçoit bien qu'alors, la monnaie n'est plus seulement un outil d'échange, mais potentiellement un instrument permettant l'imposition d'un ordre, par l'exercice d'un pouvoir et d'une violence dont l'origine n'est pas toujours clairement perçue par tout un chacun, mais qui n'est pas moins réelle, comme on va le voir au cours de cette enquête... >
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Le hold up silencieux. C'est parce que l'argent gouverne le monde qu'il importe de savoir qui gouverne l'argent...
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